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Celina Lee : La DataScience Pour le Monde, par les Africains

Celina Lee : La DataScience Pour le Monde, par les Africains

On peut difficilement parler de datascience en Afrique sans évoquer Zindi-Africa. Depuis sa création, la star-up Sud Africaine est devenue une référence pour nombre de data-scientistes du continent. C’est donc tout naturellement que nous publions l’entretien Celina Lee, fondatrice de Zindi avait accordée à notre ancienne collaboratrice Aminata Mbodj. Elle revient sur la création de la plateforme, sa vision et les perspectives qu’offrent la data-science et l’intelligence artificielle en Afrique.

Qu’est-ce qui pousse une personne originaire de San Francisco à choisir de faire la promotion de la science des données en Afrique ?

Mon premier diplôme était en mathématiques et en informatique, donc j’ai toujours été très intéressée par la puissance des données. Très tôt dans ma carrière, je me suis lancée dans le développement international. J’ai travaillé dans le secteur à but non lucratif pendant de nombreuses années : sur des questions allant de la santé publique à l’inclusion financière, en passant par le genre. Mais j’ai toujours eu cette vision de la façon dont nous pourrions mieux utiliser les données pour faire avancer le travail que nous faisions. Et pour prendre de meilleures décisions afin d’accroître notre impact.

Comment pouvons-nous utiliser l’apprentissage automatique et la science des données pour faire progresser et améliorer la vie de chacun ? Je suis arrivée en Afrique du Sud pour un emploi dans une ONG, mais très vite, je suis entrée en contact avec mes cofondateurs, Megan Yates et Ekow Duker. Ils dirigeaient une société de conseil en sciences des données. À l’époque, ils souhaitaient  un  « Kaggle » pour l’Afrique.  Qui est la façon la plus simple de décrire l’origine de Zindi. Mais je pense que Zindi est beaucoup plus que cela !

Celina Lee SEO de Zindi

Celina Lee SEO de Zindi avec une partie du staff © DR

Ce qui compte, avant tout, est sa mission sociale, qui est de développer l’écosystème des sciences des données en Afrique pour faire de l’I.A. quelque chose d’accessible à tous.

Qu’est-ce qui distingue Zindi des autres plateformes ?

Je pense que la première chose qui nous différencie des autres plateformes de compétition est ce que nous essayons vraiment d’accomplir. Ce qui compte, avant tout, est sa mission sociale, qui est de développer l’écosystème des sciences des données en Afrique pour faire de l’I.A. quelque chose d’accessible à tous. Nous voulions donc créer un espace pour que les organisations et les entreprises africaines, qui génèrent des quantités massives de données, et qui n’ont pas les ressources ou peut-être même les compétences internes nécessaires pour tirer parti puissent désormais avoir accès aux ressources et aux solutions dont elles ont besoin.

Et puis aussi, bien sûr, il s’agissait de créer un espace pour les data scientists africains. Pour que ce réservoir de talents puisse continuer à développer leurs compétences sur des problèmes réels et correspondant à leur quotidien. Développer leurs portefeuilles de projets et aussi établir des liens entre eux, ainsi qu’avec des organisations qui ont besoin de personnes comme elles. C’est donc ce que Zindi essaie vraiment de faire. Et je pense que c’est ce qui nous rend différents. Et c’est vraiment au cœur du succès que nous avons connu jusqu’à présent.

Celina Lee SEO de Zindi

David Davis ambassadeur Zindi en Tanzani   © DR

Donc, vous diriez que c’est un changement de mentalité ?

Je pense que ce qui est passionnant avec Zindi, c’est que ce que nous faisons vraiment : mettre en valeur les talents qui sont disponibles sur le marché du travail.Et, vous savez, lorsqu’une entreprise possède des données ; avant qu’elle ne se dise, “oh mon Dieu, je dois protéger mes données, car elles sont très précieuses.” Ça ne leur sert pas grand chose.

Cependant, quand ils viennent à Zindi, ils peuvent se dire, “ok, il y a des milliers de data scientists qui peuvent me développer un modèle de prédiction ou encore de computer vision ainsi qu’une panoplie de systèmes afin de résoudre tous mes différents types de problèmes de manière très concrète. OK, c’est quelque chose que je veux.” Ce n’est donc pas nécessairement un changement de mentalité, mais c’est qu’ils sont capables de voir de manière tangible, que ces compétences leurs sont accessibles.

Donc, vous diriez que c’est un changement de mentalité ?

Je pense que ce qui est passionnant avec Zindi, c’est que ce que nous faisons vraiment : mettre en valeur les talents qui sont disponibles sur le marché du travail.Et, vous savez, lorsqu’une entreprise possède des données ; avant qu’elle ne se dise, “oh mon Dieu, je dois protéger mes données, car elles sont très précieuses.” Ça ne leur sert pas grand chose.

Cependant, quand ils viennent à Zindi, ils peuvent se dire, “ok, il y a des milliers de data scientists qui peuvent me développer un modèle de prédiction ou encore de computer vision ainsi qu’une panoplie de systèmes afin de résoudre tous mes différents types de problèmes de manière très concrète. OK, c’est quelque chose que je veux.” Ce n’est donc pas nécessairement un changement de mentalité, mais c’est qu’ils sont capables de voir de manière tangible, que ces compétences leurs sont accessibles.

La première chose à faire est de se jeter à l’eau : télécharger un ensemble de données et jouer avec

Celina Lee SEO de Zindi

 © DR

Quels conseils donneriez vous aux jeunes data scientists ?

Le plus important est de croire en soi, d’avoir suffisamment confiance en soi, d’essayer simplement de faire quelque chose. Je sais que beaucoup de nouveaux data scientists peuvent se sentir intimidés. Mais je pense que la première chose à faire est de choisir un concours sur un sujet qui est important pour vous, qui peut vous enthousiasmer et vous passionner, de télécharger cet ensemble de données et de commencer tout simplement à explorer les données.

Même si vous n’en arrivez pas au point où vous faites une soumission sur le classement, en jouant simplement avec ces données et en essayant de répondre aux questions par vous-même avec les données, vous franchirez une étape importante. J’ai fait partie d’un autre panel où nous avons un peu parlé du syndrome de l’imposteur. Et je pense que les femmes en particulier, dans cet espace, en souffrent beaucoup.

C’est quelque chose où nous ne devons pas nous laisser prendre. Nous devons nous approprier ce que nous savons et avoir la confiance nécessaire pour continuer à avancer pas à pas et poursuivre notre voyage. Chacun d’entre nous a son propre parcours personnel et nous devons croire suffisamment en nous pour nous permettre de continuer ce voyage pas à pas. Ce processus peut être lent ou rapide ; et ainsi va la vie. Mais je pense que ce qui est important dans ce que fait Zindi, et ce que nous voulions faire, c’est de rendre cette expérience accessible à tous. La première chose à faire est donc de se jeter à l’eau : télécharger un ensemble de données et jouer avec.

Umojahack 2022 : Rencontre Emmanuel Koupoh data-scientiste, ambassadeur Zindi

Umojahack 2022 : Rencontre Emmanuel Koupoh data-scientiste, ambassadeur Zindi

Les 19 mars et 20 mars derniers a eu lieu la 3ème édition de l’Umojahack-Africa, hackathon inter-universitaire virtuel d’intelligence artificielle ouvert aux étudiants de toute l’Afrique organisé par la plateforme de concours Zindi. Pendant 2 jours, les étudiants d’universités, d’instituts ou d’écoles de formation à la science des données répartis sur tout le continent, se sont affrontés afin de trouver des solutions d’apprentissage automatique (Machine Learning) à des problèmes concrets.

Emmanuel Koupoh, enseignant au DIT (Dakar Institute of Technologies), data-scientiste à Bamtu et ambassadeur Zindi au Sénégal,  qui a déjà participé et remporté des challenges Zindi,  revient sur son expérience de cette compétition, sur ce qu’elle lui a apporté et sur la meilleure façon dont il faut l’aborder.

Cette année les data scientistes ont planché sur la qualité de l’air en Ouganda (débutants);  sur des  prévisions en assurance au Zimbabwe (intermédiaires) et sur  la confection d’anti-venin (avancés). La prime de 10 000 $ a été répartie entre les 3 vainqueurs des 3 catégories.

Emmanuel. Koupoh, datascientiste et ambassadeur Zindi à Dakar © DR

Comment as-tu connu Zindi?

J’ai connu Zindi un peu par hasard. C’était pendant l’année scolaire de 2018- 2019, j’étais à ESATIC à Abijdan, en troisième année de SIGL (Systèmes Informatiques et Génie Logiciel). Un ami m’a envoyé le lien de la plateforme. Nous avons trouvé que ça pouvait nous permettre de progresser. Donc nous nous sommes inscrits et nous avons commencé à participer à  plusieurs challenges. Comme j’avais déjà fait du Deep-Learning, je choisissais des compétitions orientées dans ce domaine. A l’époque,  j’avais peu de pratique des données tabulaires et je galérais beaucoup avec les datasets.

C’est quand je me suis inscrit au DIT (Dakar Institute of Technology), en datascience, que j’ai pu m’attaquer plus facilement à des challenges orientés Machine Learning et basés sur le traitement et sur l’analyse de données.  C’est comme  cela que j’ai remporté le “Umojahack-Africa Expresso” challenge en 2020. Ça consistait à prédire le  nombre d’ abonnés qui allaient quitter le réseau de la compagnie de téléphone.

 

Celina Lee SEO de Zindi

Lors de la remise des prix de l’UmoJahack 2020   © DR

Qu’est ce que tu trouves d’intéressant dans ces concours?

Déjà pour la pratique ça permet de se comparer aux autres. Quand tu passes deux semaines à travailler sur un modèle et que tu vois que tu n’es que 100ème au classement, tu te poses des questions. Tu vas chercher des solutions pour améliorer ton score.  Tu te rends compte rapidement que pour être dans le haut du classement,  il faut plus qu’un simple Random Forest  et qu’il faudra travailler sur plusieurs algorithmes pour entraîner ton modèle.  On apprend également à travailler avec les notebooks des autres, à comparer les modèles, à les combiner. En fait, tu cherches tout le temps à améliorer ton classement et quand tu tombes sur une compétition qui t’intéresse, tu n’arrêtes plus.

Donc participer à ces challenges t’ont permis d’engranger de l’expérience.

Oui, là encore une expérience pratique. Car les données utilisées pour les compétitions proviennent de véritables compagnies, la plupart du temps africaines, et  qui sont confrontées à des problèmes concrets. De plus, d’un point de vue personnel, on peut réutiliser les données. Par exemple pour écrire un  mémoire,  dans le cadre d’un travail universitaire. Moi j’ en ai utilisé  pour faire le pre-training d’un model en attendant d’avoir les données réelles. Et c’est très important car nous n’avons pas beaucoup de données à notre disposition. Collecter des données,  les traiter,  les labéliser ça prend du temps et de l’argent.  Et Zindi prend le temps de nettoyer et de classifier les données mises à notre disposition.

Tu cherches tout le temps à monter au classement et quand tu tombes sur une compétition qui t’intéresse, tu n’arrêtes plus.

En dehors de l’aspect compétition, est-ce que participer à un challenge peut offrir des opportunités ?

Déjà, ça permet d’être en relation avec d’autres datascientistes. Et oui,  Zindi met de plus en plus l’accent sur l’accompagnement des  datascientistes dans la recherche d’emploi. Depuis plus d’un an,  il y a une section jobs avec des annonces.  Tout récemment, Zindi a lancé une compétition Trail-Blazzers. En gros, les compétiteurs qui arrivaient à dépasser un score de référence pouvaient bénéficier d’une formation afin d’améliorer leur CV et étaient prioritaires pour  les offres d’emplois proposées par Zindi.

Et puis il y a le système des ambassadeurs. On peut gérer une communauté, échanger avec le staff des ambassadeurs. On vous propose de faire des présentations ou de produire du contenu sur le blog de la plateforme etc. En gros, tant de  choses qui te permettent d’apprendre ton métier.

As tu des conseils donner à ceux qui. vont s’attaquer pour la 1ère fois à l’Umojahack de samedi?

Avant tout il faut garder la tête froide. C’est à dire ne pas partir dans tous les sens. Prendre le temps de bien comprendre les jeux de données qui sont proposés et commencer à partir d’un plan solide. De plus je consieillerai aux candidats de faire les challenges de training que Zindi a mis à disposition Ils   correspondent aux différents niveaux et servent de simulation. Moi en tant qu’ambassadeur j’essaie d’aider  à se préparer ceux qui veulent se lancer.  Je partage des starters notebook ou j’organise des présentation pour expliquer ce à quoi ils auront à faire.

Mais au départ l’essentiel c’est de lancer sans appréhension car, de toutes façons, on  a rien à. perdre. Au contraire.